La couverture de ce troisième numéro de la revue Composite est confiée cette année à l’Atelier Lorenz Boegli, spécialisé dans une pratique expérimentale des encres de sérigraphie. C’est ici l’image d’un caméléon, capturée aux rayons X en 1896 par Josef Maria Eder et Eduard Valenta, qui est ré-activée par deux encres irisées spécifiques.

Le foliotage de ce numéro revêt le visage d’un système numérique pleine page, telle la face d’un dé qui évoluerait au fil de la lecture, librement inspiré par une conversation avec l’artiste Kévin Bray au sujet des outils et des logiciels de conception 3D.

Le miméographe est un duplicateur à pochoir mis au point à partir de la fin du XIXe siècle. Surnommé The King of Gestetner (du nom du fabricant le plus célèbre), Erwin Blok est aujourd’hui le collectionneur de près de 400 duplicopieurs stencils : c’est sur l’un d’entre eux que quatre publicités initialement dessinées par Abram Games pour Gestetner sont ici ré-imprimées.

Dans le cadre d’un entretien sur la série de catalogues d’exposition réalisés pour le Centre Pompidou et son cycle Mutations/Créations, les graphistes Élise Gay et Kévin Donnot reviennent sur la place de l’outil informatique, de la programmation et de l’automatisation au sein de leur pratique.

Le graphiste Charles Villa collectionne les images bleues, ces images imprimées dont l’encre est décolorée par leur exposition à la lumière et que l’on croise parfois dans l’espace public. Six pages ré-organisent par captation directe sur scanner le fond d’archives de Charles Villa, confié à Composite pour l’occasion, en cinq catégories thématiques.

Pour ce numéro de Composite, un ensemble de caractères typographiques déterriorés par des insectes xylophages sont ré-activés : ces insectes se nourrissant de bois creusent galeries et serpentins au cœur des charpentes et du papier des pages de livres dans les bibliothèques. Note : Impression typographique sur affiche uniquement disponible avec la revue imprimée.

Insérée au cœur de la revue, une page dorée répertorie une partie du catalogue des 3000 fleurons collectionnés et mis en usage par l’Atelier Martial, tel un exercice pratique, réalisé le temps d’une visite et d’une rencontre, pour occuper et remplir l’espace d’un format DIN. Note : Marquage uniquement disponible avec la revue imprimée.

À l’occasion d’un entretien, Nelly Gable et Annie Bocel évoquent le travail de transmission qui les lie depuis 2014 au sein du cabinet des poinçons de l’Imprimerie Nationale. Leur conversation éclaire et dévoile les différentes étapes de création traditionnelle d’un caractère (gravure, frappe de matrice, fonte), les matières premières et les outils qui lui sont nécessaires.

Depuis 2016, un compte Facebook anonyme re-poste chaque jour le même portrait de Zinédine Zidane. Ce mème 2.0 est ici le point de départ d’un exercice prenant la forme d’un commentaire sur le travail du programmeur Ivan Murit : l’image est épuisée à force de répéter inlassablement sa reproduction sur la vitre du photocopieur. Au point peut-être que la répétition révèle ici le portrait de l’appareil au cœur du portrait du footballeur.

Mis au point au XIXe siècle sur le principe d’une reproduction de haute qualité grâce à l’insolation d’une gélatine, la phototypie permet l’impression continue, sans trame. Benrido est le dernier atelier traditionnel contemporain qui en préserve aujourd’hui le savoir-faire à Kyoto (Japon). Note : Insert d’un phototype original uniquement disponible avec la revue imprimée.

À partir d’un Télécran, le jouet le plus proche de ce que pourrait être un pen plotter, différents alphabets et pangrammes sont écrits en ligne continue. De cette écriture continue procède dans un second temps une découpe, signe par signe, pour tenter d’isoler un ensemble cohérent de glyphes indépendants afin de constituer une nouvelle police de caractères.

Sous la forme épigraphique de deux plaques de pierre inscrites en Granit, une police de caractères inspirée des gravures lapidaires du Père Lachaise et dessinée par Alex Chavot, deux extraits d’une préface d’Henri Focillon se font face et se répètent, semble-t-il, sans être pourtant tout à fait les mêmes.

Depuis les tablettes d’argiles, depuis les supports d’échanges commerciaux de l’antiquité et du Moyen Âge ensuite, depuis l’abaque et jusqu’aux fantaisies contemporaines tel le Sorocal, l’histoire du graphisme semble s’inscrire dans les rapports nécessaires de la comptabilité et de la feuille de calcul.

Imaginant que chaque passage de la lampe à balayage d’un photocopieur trouve ensuite un écho qui serait un passage d’encre de couleur à l’impression en plusieurs couches sur papier, les contenus d’une enveloppe postale remplie d’éléments typographiques, géométriques et iconographiques sont re-combinés par étapes sur la vitre de l’appareil de l’école.